Il est des œuvres cinématographiques qui résonnent en nous étrangement, font vibrer les cordes les plus sensibles de notre être, nous transpercent le cœur.
Il est des œuvres cinématographiques qui font naître en nous un sentiment absolu de gratitude envers la vie.
Il est des œuvres cinématographiques qui m’ont confortée dans la justesse de mes choix personnels et … professionnels.
Mustang en fait partie.
Ce film au titre évocateur raconte l’histoire d’une poignée de sœurs vivant dans un village reculé de Turquie qui vont devoir choisir entre leurs racines … ou leurs ailes. Entre (sur)vivre en se pliant à des traditions archaïques ou s’arracher à leurs racines pour pouvoir vivre librement leur féminité, il n’y a pas de “bon” choix.
Récit initiatique d’émancipation, cette œuvre, subtile et nuancée, est interpellante à plusieurs niveaux.
Naître ou devenir femme ?
Elle pose d’abord une question essentielle dans la vie de chacune d’entre nous; ce que cela signifie d’être une femme, pour nous même, aux yeux des hommes, dans le regard des autres femmes et par extension … dans la société actuelle.
Il n’y a évidemment pas une seule réponse. Suivant le pays où nous sommes nées, l’éducation que nous avons reçue, les traditions inculquées, notre propre vécu et notre personnalité, nous allons chacune grandir et vivre notre féminité de différentes manières. Certaines par défaut, d’autres en réaction et puis surtout … par conviction.
La vie d’une femme, une odyssée périlleuse …
Pour certaines femmes, le chemin vers la liberté pour vivre pleinement son féminin est plus long et plus périlleux que pour certaines autres. Il n’aboutit parfois nulle part.
Ici pourtant, on entend clairement les vents de l’indignation souffler dans les hauts arbres de la campagne du nord de la Turquie. Dans cette société schizophrène, écartelée entre patriarcat et modernité, le personnage qu’incarne la grand-mère est lui-même tiraillé entre ce qui lui semble respectable et l’oppression que ses petites-filles subissent. Ceci remet très justement en perspective la notion de liberté d’être chez la femme.
Vivre pleinement sa liberté, mirage ou réalité ?
C’est ici que notre sensibilité de “femme libérée”, heurtée par la radicalité du propos et la violence des images, est à la fois attristée et soulagée par le constat qu’ici, en occident, nous sommes finalement nées “du bon côté de la planète”…
Et pourtant, alors que la condition féminine a connu chez nous de nettes avancées, certaines femmes continuent de cultiver la croyance qu’elles n’existent que si elles appartiennent à un homme, à un clan, à un statut social ou professionnel.
Murs visibles ou invisibles ?
Mariages de convention, études fortement conseillées par une lignée familiale, sentiment d’obligation face au choix de la maternité, (auto)-censure quant aux éventuels questionnements sur une identité sexuelle, entrave à certaines vocations personnelles ou professionnelles, sentiment profond de solitude affective, peur de précarité matérielle en cas de rupture de l’ordre établi … Parfois nous continuons à nous enfermer dans des prisons aux murs visibles ou invisibles… sans savoir que la clé pend autour de notre cou.
Ce film est comme un cri d’espoir pour toutes ces femmes là. Emprunt d’une gravité légère, il laisse transparaître au travers des volets clos de leur prison, un filet de lumière qui perce les ténèbres.
La puissance des femmes, une menace pour le monde ?
Mustang illustre au travers d’images d’une beauté à couper le souffle, la puissance subversive de la libido féminine, dans le sens le plus large du terme. Tous les geôliers du monde auront beau ériger des prisons pour la brider, leurs enceintes ne résisteront pas à sa force démesurée.
Ce qui anime certaines femmes, c’est la ferme conviction qu’elles ne laisseront personne arracher de leurs têtes folles, comme les pétales d’une fleur, le sentiment amoureux qui habite leur corps, leur soif de vivance, la magie d’exister, leur appétit d’aimer….
Ensemble dans une sauvage solidarité
Ce qui est merveilleusement mis en exergue dans ce film, c’est l’importance de la sororité face à l’adversité, l’urgence de déployer une solidarité sauvage face aux difficultés de la vie. A aucun moment la fratrie ne décide de subir simplement son sort. Ces 5 sœurs agissent, réfléchissent en c(h)oeur, posent des actes de résistance et de rébellion, du plus ténu ou plus excessif.
Elles ignorent la peur, se relient à leur intuition, gardent intacte cette capacité à apprécier la moindre parcelle de vie. Elles s’accordent même l’aide d’un homme en paix avec sa part de féminité, électrisé par l’énergie quelque peu masculine de Lalé, la plus jeune des protagonistes.
Faire le choix de l’émancipation
La frontière est ténue entre acceptation et résignation, entre adaptation et renoncement, entre compromis et soumission.
Si vous ressentez la soudaine impression que des ailes semblent vouloir pousser…
Si vous avez une furieuse envie de délier votre chevelure comme une crinière sauvage
Prenez en exemple l’audace de ces femmes lumineuses pour vous libérer de vos micro-chaînes…
et faites le choix de l’émancipation !
Laurence Bastin
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